Que sommes-nous ? 

 

Pur regard totalement immatériel, hors toutes dimensions et substance. Conscience inconnaissable qui ne  voit qu'à travers ses transformations-productions que sont les instants qui naissent et disparaissent sans fin.

 Toutes perceptions l'accompagnent sans cesse, même quand ni corps ni mental ne sont perçus, l'absence de perception est perçue.

Ces perceptions ne sont en fait que des projections, miroir d’elle-même dans sa nature expressive d’impermanence. Quand la projection s’éteint, seule reste la conscience à la fois permanente et à la fois myriade d’impermanence sans cesse renouvelée : ce que l’on nomme l’instant.

Rien ne peut nous définir, rien de ce que les pensées véhiculent à ce sujet ne peut être fondamentalement vrai.

Un choc de réaliser cela et de le vivre.....

 

 

 

 

Qui suis-je ?

 

 

Première affirmation :

-je suis le corps

Qu’est-ce que le corps ? Le corps est fait de sensations, de perceptions sensorielles et également de conceptualisation mentale.

Si l'on regarde de près, comment sait-on que nous avons un corps. Nous le savons parce que nous le percevons et que nous le pensons.

Que percevons-nous ?

Je perçois une forme par la vision directe, forme sans cesse changeante.

Je perçois des sons par l'écoute directe, ces sons sont aussi des formes sans cesse changeantes.

Je perçois la sensibilité corporelle à travers le tactile, le chaud, le froid, le dense, le mou, etc. dans une perception directe.

Je perçois également directement le gustatif, les odeurs du corps.

Ce que j'appelle corps est une conceptualisation de toutes ces perceptions. Cette conceptualisation est fabriquée par le mental. En ce sens, le mental peut également être considéré comme une perception sensorielle : un sixième sens dont nous sommes gratifiés. Le mental associe les perceptions entre elles, les désignent, et crée une espèce de pack conceptuel dont l'ensemble est nommé corps. En réalité il n’y a pas qu'un seul corps, il y a un corps mouvant qui change à chaque instant. Même cette mouvance, ces changements sont nommés par un seul mot : corps.

Si l'on fait abstraction de cette conceptualisation mentale et de la fonction mentale et s'il ne reste que les perceptions sensorielles, on se rend compte que le corps, le mot corps ou ce qui s'appelle corps n'existe pas mais que ce qui existe c'est une palette de perceptions sensorielles perçues par une trame de fond consciente.

 

Qu'en est-il du monde?

Deuxième affirmation : le monde existe

Comment est-ce que je sais que le monde existe ?

De la même façon que pour le corps, le monde est un mot, un concept créé par le mental à partir de perceptions, ces perceptions sont dites extérieures aux perceptions du corps.

Le dedans c'est le corps, le dehors c'est tout ce qui est autour du corps et qui appartient donc au monde.

Qu'en est-il en réalité ?

Le monde est perçu par la perception visuelle directe : image sans cesse renouvelée dans laquelle on peut voir qu'une partie de l'image corporelle est intégrée.

La deuxième perception du monde est auditive. Là encore, les sons corporels sont également intégrés.

La troisième perception est olfactive, idem

La quatrième perception, gustative, idem.

Les perceptions tactiles semblant appartenir au corps lui-même mais si on fait abstraction de cette pensée, il n'y a plus de différence avec les autres, toutes les perceptions sont contenues et perçues par la conscience qui les perçoit.

De la même façon que pour le corps, ces perceptions sensorielles sont mémorisées par le mental, associées entre elles en un pack, pack sans cesse mouvant, changeant, mais désigné par un seul mot : le monde.

Si l'on fait abstraction de la fonction mentale, du sens mental, on réalise que de la même façon que pour le corps, la réalité du monde sur le plan perceptif est perception sans cesse changeante, mouvante au sein d'un arrière-plan qui perçoit.

 

Au terme déjà de ces deux choses, on peut voir que la seule existence réelle ce sont les perceptions sans cesse changeantes au sein d'une trame d'arrière-plan immuable et permanente. Ces perceptions sont triées, classées par une fonction mentale qui les conceptualise en les nommant soit corps, soit monde, mais de façon finalement arbitraire.

 

Troisième affirmation :

Nous avons souvent l'impression qu'il existe des choses, des entités réelles séparées de nous, préexistantes à notre conscience, indépendantes.

Comment savons-nous cela ?

Prenons l'exemple d'un arbre :

nous avons l'impression que cet arbre est un objet existant de lui-même, à part entière. Que nous soyons là ou pas, qu'en est-il réellement ?

Comment savons-nous qu'il s'agit d'un arbre ?

Nous en avons une perception visuelle directe, cette perception visuelle change à chaque instant suivant la position du regard. On pourrait donc dire que l'arbre est en mouvement si l'on se fie à cette seule perception visuelle.

L'arbre lui-même ne semble pas émettre de son mais l'association avec les éléments dits extérieurs à l'arbre, comme le vent par exemple peuvent produire certains sons : bruissement du feuillage, des branches, craquements. Ces sons sont également mouvants.

Nous pouvons toucher l'arbre et nous percevons certaines sensations dites tactiles : rugosité, fraîcheur, douceur, relief , densité, etc.. Ces perceptions sont mouvantes 

Nous pouvons humer, sentir l'arbre : odeur de sous-bois humus, noisette etc. perceptions également mouvantes suivant la zone humée ou le moment choisi. De la même façon nous pourrions goûter l'arbre.

Nous réalisons alors que cet arbre est un amalgame de perceptions sensorielles sans cesse mouvantes mais regroupées sous forme de pack mémorisé par le mental et appelé arbre.

En dehors de cela, il n'existe aucun élément permettant d'affirmer l'existence de l'arbre.

 

Aux termes de cette exploration, on peut dire que l'arbre, le monde, le corps sont exactement faits de la même chose : perceptions sensorielles multiples mouvantes changeantes au sein d'un espace d'arrière-plan percevant.

 

La fonction mentale mémorise les perceptions sensorielles, les trie en pack et les nomme arbre, corps, monde. On peut ainsi voir que c'est au niveau du mental que se passe la séparation par cette mémorisation des perceptions et le trie qui en est fait.. La réalité immédiate du vécu ne sépare pas.

 

Quatrième affirmation :

Ce que dit le mental est vrai ou autrement dit, ce que dit la pensée est vrai

Si c'est le cas, ce que dit la pensée est vérifiable même quand elle n'est pas là, sinon il ne s'agit que d'une construction purement mentale, imaginaire totalement équivalente à ce qui se produit la nuit dans le rêve.

À noter que ce travail mental est lui-même perception, perçu par cet arrière-plan percevant.

 

                                                                                                                        

Et l'on peut continuer ainsi, investiguant tout ce que nous croyons être. Il apparaît que tout ce à quoi nous nous sommes identifié fond comme neige au soleil ne laissant que l'évidence de l'arrière-plan dans lequel tout cela se produit et qui lui, non objectif ne pourra jamais se  trouver, se voir, se penser, se percevoir. 

Nous sommes ce qui reste quand tout a été enlevé, inommable, inexplicable.

 

Cinquième affirmation :

Je suis ce que je perçois.

Si cela est vrai, qui perçoit ce que je suis ?

Mais c’est moi qui perçois ce que je suis.

C’est donc que ce que je perçois et moi qui perçois sont identiques.

Il n’y a pas de vécu séparé : sinon où est la frontière entre ce qui perçoit et ce qui est perçu ? Impossible à trouver

 

La réalité est donc un vécu unifié qui se sait être.