(2013)  La volonté

 


Qu'est-ce que la volonté?

 

Sous ce terme, en général on sous-entend le pouvoir personnel c'est à dire la capacité qu'aurait une personne à décider des événements et des choses qui la concernent directement voire même, par extrapolation, qui peuvent en concerner d'autres.

Il s'agit donc d'un postulat nécessairement faux puisqu'il s'applique à une identité qui n'existe pas.

Il est le moteur du fonctionnement égotique. En effet pour que l'on puisse se faire croire à un égo, il faut 2 choses: la pensée racine "je suis moi" qui est crue et la croyance que ce moi a un pouvoir personnel. Sans pouvoir personnel,  le rêve égotique ne peut plus se maintenir bien longtemps.

 

Ainsi, en examinant de près ce qui se passe, la constatation terrible va être de réaliser que l'impuissance est le fait de l'égo car rien ni personne ne décide quoique ce soit! C'est pourquoi cette constatation d'impuissance est si difficile à affronter tant que l'on se prend pour quelqu'un.

 

Regardant de plus près:

 

La volonté s'adresse à l'agir.

NB: le non-agir volontaire est une forme d'agir par la retenue de l'action.

 

En observant à partir de quoi nous agissons, on peut remarquer qu'il y a en gros 2 sources:

 

*la 1ère semble être directe, l'action émerge d'elle même sans intermédiaire. Il en est ainsi de toutes les fonctions naturelles du corps: digestion, respiration, turn-over des cellules, la circulation du sang, les battements cardiaques et aussi de l'arrivée du vent, de la pluie, le lever le coucher du soleil etc..

En fait, en y regardant bien, la plupart des choses, des phénomènes semble surgir de cette façon.

 

*la 2nde, un peu moins directe, semble passer par l'intermédiaire de la pensée. Ainsi par ex, il y a la pensée que le frigo est vide, alors il faut faire les courses ou bien qu'il y a à prévoir un rendez-vous chez le dentiste ou bien que le petit dernier va aller à l'école l'an prochain alors il faut le préinscrire etc..

Dans ce cadre-là, on peut faire une sous rubrique suivant que la pensée émerge d'une évidence fonctionnelle (le frigo est vide) ou d'une réflexion psychologique issue du fonctionnement égotique (ex: les voisins ont fait du bruit hier soir, ils m'ont empêché de dormir, je vais leur rendre la pareille ce soir, comme ça ils verront ce que ça fait!)

 

Que ce soit en direct ou par l'intermédiaire de la pensée, la source est impersonnelle.

Ce qui nous fait croire que cette source est volonté personnelle est la saisie secondaire de l'action par une idée qui en fait une action personnelle: "c'est moi qui ai fait ça".

Cette saisie est très rapide et voile le mouvement 1er, tout à fait impersonnel, par l'attention qui se fixe sur elle.

 

Ainsi de la même façon que la réalité de l'égo est la croyance au simple contenu de la pensée "je suis moi", la réalité de la volonté est aussi la croyance au contenu de la pensée qui commente l'action "c'est moi qui ai fait ça".

 

On peut aussi décrire cela en une appropriation individuelle erronée  des mouvements inter-phénomènes par l'intermédiaire de la pensée.

 

 

 

La volonté en pratique, (2014)

 

Qu'est ce qui me fait agir?

Je constate qu'il y a l'action, évidence directe, une immédiateté sans moteur particulier comme quelque chose d'inhérent à la nature des choses: toutes les fonctions corporelles sont ainsi. L'instinct de survie fait éviter de se brûler ou de sauter dans le vide  ou fait reculer pour ne pas être écrasé par une voiture. Une question est posée cela répond, il y a sourire quand on se sent heureux, etc.....

 

Il y a aussi l'action en lien avec la motivation.

Je remarque que c'est là que la notion de volonté se greffe le plus.

Il y a une espèce de confusion qui fait croire qu'il y aurait le pouvoir de provoquer les choses. En regardant de plus près, ce pouvoir serait plutôt de provoquer la motivation pour amener la mobilisation à faire les choses. En effet, en dehors des évidences précédemment citées c'est la motivation qui amène l'agir. 

Or cette motivation qui peut être issue des évidences (le corps a faim, cela amène la motivation à manger, le sommeil se fait sentir, la motivation va être de dormir, il y a sentiment profond que l'on rêve, cela va amener la quête de se réveiller etc...) est très souvent le fruit des croyances. Ainsi, si je crois que le bonheur va être apporté par la vie en couple cela va amener à tout faire pour chercher un compagnon, si je crois que les gens peuvent être sauvés, je vais me transformer en sauveteur et agir de telle sorte, si je crois que l'argent ne fait pas le bonheur, toutes mes actions vont faire en sorte de saboter ce qui a trait à l'argent etc....

 

Bien sûr, la pensée se saisit de tout ça secondairement et s'approprie les actions (et la motivation)

 

Si on regarde bien, il devient vite évident que la seule possibilité que l'on a sur l'agir c'est d'observer tous ces fonctionnements et à partir de là de discerner les croyances racines des moteurs égotiques. Mais sur la motivation et la "fabrication" de la motivation elle-même: aucun pouvoir possible. Si vous en doutez, observez vos motivations et voyez si vraiment vous avez le contrôle sur elles, contrôle soit de les provoquer soit de les annihiler

On ne peut que constater que la motivation est un jaillissement hors de tout contrôle direct. Dans le cadre des croyances, ce jaillissement semble avoir un lien avec; dans le cadre de l'évidence, aucun lien n'est trouvé, cela est. 

 

 

 

Ainsi,

 

Quelle tranquillité! Plus d'effort à fournir pour contrer ce qui est (ce qui était aussi une motivation en lien avec la croyance du pouvoir personnel) juste laisser la douce observation de ce qui est agir à sa guise, c'est à partir d'elle que les phénomènes se placent au mieux élaguant progressivement tout ce qui est issu des croyances pour ne laisser être que l'agir fluide naturel et spontanée requis.

 

 

La volonté, qu'est ce donc? (2019)

 

Vouloir, est issu d'un désir, 

Il s'agit d'un moteur, celui de toute quête (pour la réalisation du désir)

Le vouloir est un effort car il vient lutter contre, forcer ce-qui-est. En effet, la volonté émerge car soit ce-qui-est n'est pas accepté (désir de modifier ce qui est) soit il y a désir d'obtenir quelque-chose qui n'est pas là , ce qui revient au même.

Le vouloir déclenche donc un mouvement énergétique à contre-courant de ce-qui-est d'où la sensation d'effort, d'anti-naturel qu'il fait vivre.

 

La volonté de ce fait ne peut qu'émaner de la vision personnelle qui fait vivre cette impression de soi séparé "moi" ayant un centre (intimité personnelle ou centre du monde) et qui est différent des autres et du monde matériel qui l'entoure. En effet, cette vision séparatrice implique dès qu'elle est habitée le sentiment d'incomplétude donc de manque donc de quête pour combler ce manque. La volonté est alors le moyen à l'oeuvre pour la réalisation de cette mission(impossible) qui est celle de combler le manque

 

Il en résulte donc qu'il ne sera jamais possible annihiler cette volonté tant que la vision personnelle sera habitée car c'est elle qui telle une mécanique implacable la génère. Même quand il se réalise la non efficacité de cette volonté, l'impuissance alors vécue dans le regard personnel est une faillite et un drame, le drame égotique ou souffrance extrême de l'ego qui a peur de sombrer dans le néant.

 

Le lâcher-prise de la volonté est en réalité le simple glissement de la vision personnelle à la vision impersonnelle. Car en vision impersonnelle, pas de séparation, pas de manque, pas de quête... et personne pour en profiter ;-)  juste la nature de ce qui est et se vit consciemment. Dans cette vision on pourrait dire ce n'est pas une personne qui est consciente-de mais c'est ce-qui-est qui est conscient ou se sait être.

 

Comment ce glissement peut il se faire? L'écoute-observation des fonctionnements de ce qui se vit , comme toujours, est le fil d'Ariane

 

Une question peut aider à investiguer ces mécanismes:

Comment une action se pose t'elle?

Il y a l'action, juste avant, elle n'était pas là, que s'est il passé entre les 2 qui fait que l'action est apparue?

L'observation concrète de cela et non la réflexion ou analyse mentale, menée encore et encore et jusqu'à son terme dévoile 2 éléments simples :

*il y a connaissance d'informations juste avant que l'action ne se pose et *parmi elles une information est estampillée comme "préférée", c'est alors elle qui va générer l'action en lien avec ce qu'elle suggère.

Si aucune information n'est présente ou si aucune n'est plus importante, aucune action n'est possible.

Informations c'est le registre de la connaissance,

préférée ou importante ou goût de cette information c'est le registre de l'amour.

tout ceci est la nature même de ce-qui-est sans jamais quelqu'un aux commandes. Cela fonctionne juste ainsi.