(2011-2012)  Une expérience de dissolution, le chant du cygne de l'égo

 

Il y a quelque chose  en dedans qui a compris tout le jeu, le fonctionnement du mental et qui a vu comment l'attention à ce qu'il raconte le fait exister en tant que croyance et dès lors le met au-devant de la scène du vivant.

En comprenant intimement cela, quelque chose s'est décroché, une désolidarisation d'avec ce que dit le mental. 

En lieu et place est apparu un calme, un repos qui n'est pas de ce monde, une détente comme jamais il n'y a eu auparavant assortie d'une sensation de déconstruction intense et même physique avec des sensations de pans intérieurs qui s'écroulent. Ce renouveau est fait aussi de vide. Tout est comme creux, vide. Les buts ont disparu, tout est à même hauteur et en particulier les sensations. Chaque sensation est une simple expérience mais qui ne vient plus nourrir quoique ce soit de l'intérieur. En fait il n'y a plus rien à nourrir. C'est vide mais sans manque ni besoin. Il reste bien sûr les besoins corporels et tout ce qui fait la fonctionnalité de la vie de tous les jours. Cela se fait tout naturellement. Avec cela un sentiment profond que la réalité est ce qui se vit et que la volonté n'est qu'un pantin désarticulé et inefficace l'amenant à ne plus rien faire.

 

Seulement l'ego, ce sens du moi, même s'il est affaibli, est encore présent dans la pensée. Il persiste par moment cette impression du "j'existe". Avec ce qui est arrivé, tout d'abord comme sidéré par ce phénomène de déconstruction il s'est tu un moment. Puis les choses perdurant, il s'est comme réveillé dans un affolement d'intense danger pour lui, interprétant tout cela comme de la non vie, une mort certaine et inacceptable. 

C'est en particulier à partir de ce sentiment du vide et de cette sensorialité transformée que la résistance et la lutte se sont tournées. 

Le calme profond qui régnait s'est vu alors masqué par, tout d'abord l'apparition de douleurs physiques inexpliquées qui sont tombées d'elles même, assez vite, sous la lumière de la compréhension de ce mécanisme qui essayait de recréer des sensations fortes. (cf l'hypersensorialité).

Puis, avec le même objectif, ce sens du moi a fait appel au corps émotionnel. Quoi en effet de plus efficace pour se faire vivre des sensations fortes (encore une fois, synonymes de vie dans le monde des rêves du mental) que les émotions, en particuliers dîtes négatives (cf le corps de souffrance dont parle Eckard Tolle).Et là, un véritable enfer de folie. Tout est devenu prétexte à problème, avec en plus un sentiment d'impuissance total additionné à une volonté quasi inexistante pour lutter contre cela. L'ensemble faisant vivre des explosions internes de l'esprit quasi proches de la folie lorsque l'identification s'en rapprochait de trop près. Des schémas d'ego déjà déconstruit auparavant sont revenus en force malgré le regard qui les voyait en tant que tel. Aucun outil ou presque d'aide à la  lumière n'avait vraiment d'impact. Bon gré mal gré, cela finissait presque par recréer quelques effets corporels de mal être au niveau des sensations corporelles. Pourtant, le paradoxe, c'est que malgré ces cyclones égotiques il y avait toujours en arrière-plan, ce calme immuable, ce silence imperturbable non concerné par cette périphérie de folie.

Vivre les 2 en même temps ! A la fois l'agitation mentale la plus complète et délirante et ce calme vide, imperturbable, sous-jacent.

 

Rien à faire cependant même si le fonctionnement égotique crie "branle-bas de combat, c'est une question de vie ou de mort", il n'y a plus suffisamment de volonté pour nourrir le guerrier ou contrer le vécu de tout cela. Il y a comme l'impression d'une marionnette désarticulée presque sans vie qui est agitée par le cyclone  et qui tombe par moment dans un vide qui la dissout.

Je vois, quand cela est plus calme, en particulier dans la solitude où il y a moins de stimuli pour venir alimenter les desseins émotionnels ce démembrement de la personne qui dissout ses façons de fonctionner, ses conditionnements, son regard sur le monde, tout ce qui est de l'ordre du personnel, en écho à une déconstruction intense et totale d'un monde d'illusion alors que le réveil n'est encore pas tout à fait total et que le renouveau ou plutôt réel n'a pas encore pris place. Entre deux mondes peut être ou entre un monde et pas de monde?

Il n'y a plus de confiance ni certitude d'aucune sorte, les branches auxquelles s'accrocher cassent les unes après les autres. Mais cela est et il n'y a pas moyens de revenir en arrière.

-Alors quelle est la réalité?

-le vécu:

Seul le Silence reste en amont de tout cela, ultime détachement?

 

Et quand j'ouvre les yeux je vois un monde de formes qui changent sans arrêt.