Nature de l'égo

 

 

  •  racine de l'égo

La sensation de séparation, l'impression d'être  une entité individuelle, séparée s'installe dans la toute petite enfance (entre 1 et 3 ans) par la focalisation de l'attention en direction de l'individu-enfant, sans cesse répétée par les adultes de l'entourage. 

La racine de ce sentiment d'être séparé est la pensée crue "je suis moi" qui supplante progressivement le vécu non pensé "être".

De cette pensée racine, toutes les pensées égotiques découlent: moi, mien, ma, mon.

Les 2 corollaires à cette pensée sont deux autres croyances : la croyance  d'être périssable et celle d'avoir un pouvoir personnel qui peut  permettre de diriger « sa » vie. 

Ce qui est étrange, c'est qu'en profondeur on sait que tout phénomène a une durée de vie limitée et il y a l'intime évidence (bien qu'oubliée en surface) que l'on ne peut pas mourir.  Ainsi, dans la confusion de croire en cette fausse identité, on cherche à rendre éternel l'individu corps mental qui lui ne l'est pas.

 

NB: J'entends par le terme individu, le corps-mental qui représente une "chose" au même titre qu'un arbre, un astre, une pierre ou tout autre chose de la création.

 

  •  la construction du monde égotique

A partir de cette racine, va s'élaborer toute une pseudo construction imaginaire à l'intérieur de la pensée qui, comme elle, est crue et génère de ce fait, des expressions au niveau corporel.

Progressivement « le moi », auquel on s'identifie, prend comme des couleurs, des caractéristiques qui sont entendues à partir des jugements de l'entourage et qui vont créer la personnalité. La personnalité est le 1er personnage, le personnage central du moi. Une espèce de constante dans l'impression d'être un moi.

Puis le processus se poursuit à l'intérieur du mental grâce à  la mémoire qui mémorise  les conditionnements et les expériences de façon colorée par ce sentiment de séparation. La coloration la plus marquée est celle du sentiment d'être blessable issu de la peur de mourir. Cela commence à faire apparaître des stratégies d'évitement, de protection: fuite, anesthésie ou de lutte. Les événements et choses mémorisées sont reliés entre eux créant des ébauches d'histoires qui sont ensuite nourries par de nombreuses interprétations.

 

En parallèle à cette composante purement psychologique de la construction du moi qui en est la source, il existe toute une expression corporelle de cela. Le corps, en effet, manifeste, reflète, tel un transistor qui transmet l'émission, le contenu de l'esprit occupé par ce mental actif. C'est ainsi que l'on retrouve dans l'expression corporelle, essentiellement, des manifestations de blocages, crispations et tensions.

 

Chez le petit enfant, on peut noter que les 1ères expressions égotiques sont d'ordre corporel plutôt que mental (conceptuel) car celui-ci n'est encore pas très actif. En effet la croyance des pensées égotiques est créatrice, elle fabrique des énergies en rapport, des énergies bloquantes. Non seulement cela touche le corps relié au mental où cela se passe mais aussi tous les autres corps ou "choses" de proximité. L'enfant est totale ouverture, une éponge et il capte donc très facilement les énergies rayonnantes de son entourage sans discrimination. Il capte toutes les énergies de son environnement et en particulier celles issues des fonctionnements égotiques de l'entourage. C'est pourquoi, par exemple, une peur, un état de colère, d'agacement des parents se retrouve facilement dans la posture du corps de l'enfant (ou chez les animaux domestiques qui sont  sous le même toit ). En revanche tant que le mental-mémoire conceptuelle de l'enfant n'est pas très présent, ces énergies bloquantes ont tendance à disparaître facilement dès que l'événementiel change et notamment celui qui concerne les proches.

 

  • Le contenu du monde égotique

Les événements et choses mémorisés sont reliés entre eux créant des ébauches d'histoires qui sont ensuite nourries par de nombreuses interprétations.

Cela finit par créer de véritables films, scénarios avec des personnages. Le « moi » devient alors un des personnages, véritable acteur endossant un ou des rôle(s) du film. Les autres (individus) que le « moi » décide de faire rentrer dans son film sont censés tenir les autres rôles. On peut ainsi comprendre l'impossibilité de faire coller au réel tous ces jeux de rôles issus de l'imaginaire mental.

 

  • les conséquences

L’attention restant bloquée sur cet imaginaire , on finit par prendre pour réel tout cet imaginaire alors que le réel n'est plus remarqué et ce à des degrés divers suivant l'intensité du leurre. A l'ultime le sens du réel disparaît quasi totalement et c'est la maladie psychiatrique, la psychose.

Toute cette construction imaginaire, cette imposture d'identité est la source de toutes les souffrances.

En même temps cette souffrance génère des sensations fortes qui alimentent le lit corporel de l'ego, ce qu'Ekhard Tolle appelle le corps de souffrance.  

Un véritable cercle vicieux est en jeu.

 

  • la sortie

Un jour, cela décide de cesser, quand, pourquoi, comment? Le mystère de la vie.

Un processus de "réveil" du rêve mental se met en place, un cheminement qui va remonter le fil d'Ariane de toutes ces constructions imaginaires et qui va déplacer l'attention sur le réel. La  libération représente alors une dé focalisation de l'attention de la pensée. Les histoires s'effondrent, l'attention se replace sur le vécu direct, se refond avec le vécu direct et la réalisation qu'il n'y a jamais eu de prison, de limitation ni de personne, entité séparée permet de retrouver la véritable identité que l’on est: conscience pure.