La mécanique égotique

 

Il est intéressant de constater comment cela se passe quand nous sommes "automatisés" par une croyance égotique. En effet, en s'intéressant au "comment ça marche" on va pouvoir constater un modus opérande, trame égotique identique quel que soit le schéma en place. Ainsi non seulement l'imposture de la croyance est dévoilée mais également celle de toutes les croyances égotiques et donc du rêve mental psychologique.

 

 

 

 

 En se prenant pour un égo, c'est à dire un moi séparé, on se fait automatiquement vivre la peur de la mort, la peur de disparaitre. L'ego est donc, dans la croyance, un individu qui peut mourir, qui doit se battre pour survivre, qui doit se prouver sans cesse qu'il existe. Toute situation qui va mettre à mal sa valeur et donc sa survie va être jugée comme blessante et dangereuse.

Le fonctionnement égotique cherche donc à empêcher de se faire vivre ces circonstances jugées indésirables.

Pour ce faire, il met en place un plan d'action visant à ne plus se faire vivre ce qui est craint. Celui-ci peut en gros se répartir soit en forme de lutte soit en forme d'anesthésie.

Peu importe, quel que soit le plan d'action, si on regarde de près, tout ce qui est obtenu suite à l'action égotique est de recréer exactement ce que l'on cherche à éviter et donc de se le faire vivre plein pot. (cf le texte sur la saga du désir)

Alors que si l'on accepte de se laisser vivre la peur, la souffrance, la douleur de ce qui est craint, sans chercher à l'empêcher, on se rend compte qu'après l'agitation mentale, rapidement, le calme revient et dévoile l'illusion qui sous tendait ce refus.

 

Prenons un exemple:

1- Il n'y a pas de rentrée d'argent, j'ai peur du manque d'argent. Ceci risque de faire que je ne puisse plus m'offrir ce dont j'ai besoin. Pour le moment ce n'est pas le cas, il n'y a pas de manque. Mais je crains de ne plus en avoir par la suite.

Le plan d'action va être par ex

1er cas de figure: de chercher à économiser le plus possible. Je peux devenir avare, compter sans cesse. Dès lors je me fais vivre exactement ce que je craignais: je ne m'offre plus ce dont j'ai besoin, je ne veux pas dépenser mon argent car je risque alors de ne plus en avoir assez.

2ème cas de figure: au contraire, je me dis qu'il faut en profiter à fond car demain ça risque d'être les vaches maigres, je flambe tout de façon irraisonnée et rapidement je me retrouve effectivement démunie à vivre les vaches maigres.

 

Voyez si vous trouvez d'autres scénarios, en les investiguant, vous allez remarquer toujours la même chose.

 

 

 

 

Cette mécanique de base qui est un système de protection peut être vécue pendant longtemps sans véritable souffrance. C'est ce que j'appelle le 1er bras actif de l'égo.

 

Après ce temps plus ou moins long commence à poindre en soi le sentiment que ce qui se passe, que ce fonctionnement n'est pas très juste, pas adapté et qu'il prive de choses essentielles. A ce moment-là arrive ce que j'appelle le 2nd bras de l'égo qui est en fait une réactivité au 1er. Il est, en effet, fait du même principe que le 1er sauf qu'il s'adresse à l'ego lui-même c'est à dire au fonctionnement du 1er bras. On pourrait aussi dire que le 1er bras de l'ego est la réaction égotique à la circonstance "extérieure" et le 2nd, la réaction à l'action égotique. L'arrivée de cette réactivité égotique anti égo, étant également un fonctionnement égotique, suit les mêmes lois que le 1er: non seulement elle ne va pas faire disparaître le 1er mouvement égotique mais elle va même le renforcer par levée des boucliers. Il se produit alors en soi un conflit, une véritable guerre où les énergies sont utilisées à nourrir ces deux bras de l'égo. Cela génère souffrance et épuisement mais, en même temps, est le moteur du réveil. En effet, c'est par cette souffrance et cet épuisement que l'attention va être attirée sur cette mécanique. Car notre nature originelle étant paix, joie et sérénité la situation vécue apparaît comme une discordance totale avec notre nature fondamentale. C'est alors le début de la quête du retour au réel.

 

 

En reprenant l'exemple de la peur du manque d'argent:

Dans le 1er cas de figure, au bout d'un certain temps, je réalise que je me prive de ce dont j'ai besoin en étant avare. Il y a un sentiment de grand manque. Dès que cette pensée arrive, je deviens anti-avare et vais tout dépenser de façon compulsive pour me soulager de ces manques, je vide les caisses. La pensée 1ère que je vais manquer d'argent resurgit dès lors, cela fait naître culpabilité, colère contre moi qui génère ce que je cherchais à l'origine à éviter. Il y a conflit entre ces 2 pensées et donc en moi dans mon vécu. Il y a souffrance.

Dans le 2nd cas de figure c'est l'inverse, la réactivité anti dépenses inconsidérées devient l'avarice. Le conflit est le même.

 

 

 

 

On peut ainsi remarquer que tout schéma d'ego a 2 pôles: l'avare et le dépensier, le bourreau et la victime, le fort et le faible, le bon et le méchant, le beau et le laid, etc. Au travers de la mécanique égotique, le 1er bras de l'ego concerne un des pôles et l'arrivée du second bras concerne l'autre pôle.

 

La réalité est retrouvée quand les 2 pôles sont transcendés par l'acceptation de leur réalité vécue et par leur investigation. Le schéma est alors vu ainsi que la croyance sur laquelle il s'appuie. L'action n'est plus réactivité mais action ou non-action guidées par la réalité des circonstances.

 

 

Ainsi je reprends l'exemple donné, après investigation je réalise que c'est la peur qui sous tendait ces réactions. Elle est vue, acceptée et accompagnée par la présence silencieuse et englobante de la conscience que je suis. Elle se dissout laissant place à la tranquillité de l'être.

Dès lors l'attention se porte sur la réalité des faits qui ne sont plus ni jugés ni transformés.

 

C'est l'information issue de ces faits qui va diriger ou non une action potentielle. Des besoins réels (manque de nourriture, de toit d'argent pour un évènement qui doit se produire etc..) vont mobiliser la créativité pour y répondre alors que les besoins imaginaires dissouts ne génèrent plus ni d'actions déplacées, ni d'affect souffrant.

 

 

 Action-réaction (août 2015)


Lorsque l'on se fait vivre l'impression qu'il nous manque quelque chose (incomplétude) immédiatement le réflexe est d'aller le chercher chez l'autre (pour rétablir la complétude)


Ceci , bien entendu est le début des problèmes, car, déjà l'impression de manquer de quoique ce soit est fausse puisque notre nature est la complétude, donc la rechercher est absurde et ne peut que finir en impasse mais aussi car chercher chez "l'autre" implique dépendance, attachement et ses corollaires frustrations et réactivation du manque qui est ainsi vivifié à souhait.:un cercle vicieux complet.


La remontée du fil d'Ariane, consiste à revenir à cette impression du manque et à lui faire face, la laissant totalement se déployer sans intervenir et en étant totalement à l'écoute. L'illusion de base se dévoile alors tôt ou tard au rythme où on est prêt* à  laisser la lumière se faire. 

*prêt, c'est à dire quand la lumière du voir tient alors plus à coeur que l'objectif de combler le manque.

 

 






La surimposition du modèle mental (2013)

 

 

L'idée et l'idéation

 


Il y a une différence entre l'idée et la pensée.

La pensée est une forme d'expression, elle est énergie et en ce sens présente une certaine matérialité.

L'idée précède la pensée, elle n'est pas exprimée.

 

 

L’idée est comme un modèle, imagination créée à partir d’un vécu direct, lui-même interprété puis mémorisés. Il s’agit comme d’une photographie de cet imaginaire qui devient référence.

En cela on ne peut que constater que cet instantanée remodelé par l’interprétation devient référent uniquement que par la croyance qu’on lui donne. L’idée est une erreur d’appréciation qui fait prendre cet instantanée construit et mémorisé pour le réel.

 

L’idée n’est pas perceptible en elle-même, on ne la découvre que lors de sa mise en forme à travers la pensée qui l’exprime sous forme le plus souvent conceptuelle c’est-à-dire par le langage.

 

Comme son nom l’indique, l’idée préconçue devient dès lors le scénario qui se met en forme pensée et se surimpose à tout vécu direct qui semble en avoir le parfum et c’est cela qui crée comme un film devant le regard.

Ce sont ces idées que l'on a qui finissent par constituer comme un monde parallèle, imaginaire, bulle dans laquelle s'enferme chaque idée d’égo.