Quand le Silence se met en mots.

 

Quand on se prend pour un ego, les mots surgissent à partir de cette croyance. Ils sont porteurs de la vibration étriquée de la limitation et contribuent à nourrir l’illusion du moi.

Lorsque l’intellect est au repos et n’interfère pas avec le vécu direct, les mots surgissent du Silence, de la lumière du Silence. En cela ils sont porteur du silence lui-même, du parfum de l’êtreté et ont pouvoir de reconnexion avec ce que l’on est réellement.

La  « forme – mot » est en elle-même totalement neutre, une coquille vide, comme toute forme, toute apparence. Ce qui en fait la qualité c’est l’essence qui la fait naître, l’anime et la fait vivre.

La forme mot est construction du mental, le mental n’est qu’un outil totalement neutre comme l’atelier qui fabrique une voiture. Ce qui fait toute la différence entre la teuf-teuf et la Rolls-Royce c’est le commanditaire de la voiture. Dans un cas l’ego commande la teuf-teuf (il ne peut pas faire autrement car n’en a pas les moyens), dans l’autre cas le commanditaire a tous les moyens à sa disposition et commande ce qu’il y a de mieux….. ;)

 

 

Dans le parcours du chercheur de vérité, on rencontre souvent une réactivité, un rejet du mental et des mots, du langage. Il y a une quête du silence pour trouver la paix avec confusion entre le réel et le silence sans bruit. Le véritable Silence coiffe le bruit et l’absence de bruit. Dès lors qu’il est retrouvé, qu’il y ait ou non du bruit, il est vécu comme trame et source permanente de tout ce qui est.

Tant que cela n’a pas été vu, le langage est souvent associé au bruit, interprété comme bruit mental et rejeté avec le mental lui-même, parfois avec violence, comme une nuisance à l’éveil. Il est interprété comme fruit de la pensée et comme perturbateur, envahisseur, nuisant gravement à l’être.

En faisant cela, tout est mis dans le même panier : mots égotiques, pensées issues de l’ego et paroles de Silence, paroles de lumière.

Or les mots issus du Silence sont porteurs de vérité et ont un pouvoir évocateur de celle-ci très puissant.

Les candidats à l’éveil vont privilégier tout ce qui ne parle pas, musique, danse, expériences vibratoires, méditations silencieuses, expériences diverses " non-mentales", cherchant d’autres pointeurs de vérité qui ne fassent pas appel au mental. Très bien. Mais lorsque le vecteur utilisé demande à être le langage, le fuir, le rejeter va automatiquement couper de soi et réensemencer la graine de l’ego.

Les mots issus du Silence s’écoutent avec le cœur, avec tout son être, ils s’écoutent comme une musique, pas avec l’intellect même si celui-ci, occasionnellement interfère en générant quelques compréhensions ou incompréhensions au passage. Ce ne sont pas vers elles que l’attention doit se fixer;  les remarquer et les laisser aller est la posture la plus juste afin de garder toute l’attention sur le ressenti  et l’écho intérieur généré par l’écoute de ces paroles. C’est alors en cela que leur fort pouvoir d’évocation de la Réalité qui est,  pourra remplir son rôle.

 

Ces mots et paroles de Silence se révèlent à nous soit par le langage « extérieur » à travers un maître, un accompagnant, un ami ou même quelqu’un rencontré au hasard mais ils se révèlent aussi à nous par l’intermédiaire de la pensée. Il importe de savoir discerner quelle est leur origine: Silence ou ego.

C’est dans  l’écoute inconditionnée que cela peut se faire, par le ressenti de cette écoute. Les mots de Silence n’ont pas de localisation et ils touchent, les mots de l’ego viennent de l’intellect et font vibrer l’intellect. Cette écoute inconditionnée ne peut se faire bien évidemment que si les mots écoutés sont acceptés quel qu’ils soient dès le départ. Une posture de rejet de même qu’une posture qui cherche à comprendre avant tout, place d’office dans une écoute conditionnée, limitée qui ne pourra que maintenir la suprématie de l’ego et faire rater ce que la Réalité cherchait à nous dire.