Désolidarisation du film.....

 

 

Ce qui est incroyable c’est que cette chose, ce corps-mental que j'appelle moi et bien cette chose change et quand elle change et que je sens qu’elle change hors de tout contrôle je ne la reconnais plus, « je » ne "me" reconnais plus dans cette identification. Cela crée une terrible angoisse : je change sans que je ne puisse rien y faire, je perds les repères du moi connu je suis comme à géométrie variable sans aucun pouvoir dessus, c’est insupportable et en même temps….. C’est l’extraordinaire opportunité pour que je me rende compte qu’il est impossible que je sois cet individu qui change alors que ce n’est pas moi qui le fais changer !

 

 

 

 

 

 

L’identification à l’individu

 

Qu’est ce qui maintient ce rêve ?

 

1er film :

 

L’histoire de ma vie, c’est à dire tous les scénarii, c’est la base de l’égo psychologique,

l’égo souffrant.

 

2ème film :

 

• La séparation artificielle c’est à dire la focalisation de l’attention sur une partie de l’instant ce qui est appelé le moi. C’est fait de la forme, de l’assemblage artificiel des formes entre elles créant un schéma (schéma corporel) avec en particulier les perceptions tactiles, ressentis attribuées spécifiquement (et arbitrairement) au corps « mon corps »

 

• La temporalité.

 

C’est la croyance en la temporalité qui maintient la mémoire.

Celle-ci est indispensable pour créer artificiellement la vie de l’individu mais aussi l’individu lui-même.

La vie de l’individu est faîte de moments ou instants qui sont référés à la mémoire de l’instant passé. La mémoire est en fait une création totalement imaginée. Elle est une espèce de reproduction de l’instant fini car au moment où se vit l’instant aucune reproduction n’est possible. C’est donc une reproduction des perceptions réelles soit des perceptions imaginées donc sans aucune commune mesure avec le réel du vécu direct. Cette reproduction de l’instant fini sert comme de bouche-trou entre le jaillissement des instants ou plutôt se surimpose dans l’attention au vécu direct de l’instant présent. C’est cela qui donne une impression de continuité (cause à effets) des instants entre eux, d’où l’impression d’une vie cohérente dans la temporalité.

De la même façon l’impression de la personne est en lien avec cela.

Quand on se sent être un moi, en fait on regarde un rêve : le rêve de soi en tant qu’individu. L’individu ne peut exister que dans un continuum. On voit l’individu comme une entité mouvante cohérente qui parle, qui pense, qui bouge, qui respire, qui dort etc….Tout ceci décrit simplement des formes d’instant. C’est l’assemblage par la mémoire de ces instants (reproduits) qui crée l’espèce de cohérence d’une « chose » nommée individu, personne. Sans la pensée –mémoire qui reproduit en images ces instants et que l’on regarde – il n’y a plus d’individu mais juste l’instant dans sa globalité.

 

En étant très attentif, on remarque que la personne est vraiment une image de personne, que les images mises bout à bout créent le film qui fait la personne. Que ce film de la personne sur lequel le regard se fixe si souvent est pâle, très pâle par rapport à la réalité du vécu direct. Cette pâleur se retrouve dans le rêve nocturne. C’est cela qui permet de réaliser que cette surimposition de ce film de la personne dans l’attention du vécu direct, est un rêve, un rêve de soi : conscience, en tant que moi : personne.

 

En voyant que la temporalité n’existe pas, que c’est une construction imaginée qui lie artificiellement les instants entre eux, plus rien du film de l’imagination ne peut être cru. C’est la fin du rêve d’individualité et aussi la fin du rêve d’un monde, d’un univers, de la matérialité. L’instant est reconnu, c’est ce qui est, pure conscience qui chatoie en mise en forme ou pas.

 

 

 

 

C'est moi qui vit, pense et sent,   est ce vrai?

 

L'idée mentale est qu'il existe un moi qui pense, qui perçoit et qui est conscient. L'exploration de ceci dans l'expérience directe montre tout l'inverse

 

La personne avec laquelle "je me" confond est faite uniquement de perceptions. A chaque instant il est possible de le vérifier. Le moi est totalement perçu sous forme de sensation (tactile surtout) et d'image mentale

 

Comment une perception pourrait elle être consciente?

Comment une perception pourrait elle sentir et penser?

C'est tout l'inverse, il y a conscience de la perception qui est perçue, sentie, parfois pensée (devenant à son tour une nouvelle perception).

 

En revanche ce qui est conscient, présent ne peut ni se sentir ni se penser, bref ni se percevoir.

 

La confusion se fait par un amalgame dans l'idée entre cette présence consciente, vivante et un type particulier de perception: celui qui est attribué au moi.

 

 

 

L'ATTACHEMENT A  L'EGO

 

L’attachement à la personnalité, au moi-je, à l’ego est en fait essentiellement l’attachement au ressenti.

Le moi semble exister dès lors qu’il y a ressenti, sans ressenti il apparaît mort. Un moi qui a peur de la mort a en fait peur du non ressenti qui apparaît alors comme un état de torpeur brute c’est-à-dire anesthésie c’est à dire le factice de l’absence de ressenti qui est en fait un état parfaitement ressenti d’anesthésie et non  pas de non ressenti.

 

L’attachement au ressenti correspond à l’amalgame (pensé) de la pure présence (non objective) à ce sens (objectif)

 

Le ressenti qui est l’interaction d’avec toutes les formes sensorielles (qui sans lui apparaissent comme vides d’intérêt) joue en fait comme une sorte de contraste entre ouverture fermeture sorte de témoin d’une expérience pointant vers le soi ou vers le non soi (déni factice de soi, construction illusoire qui par codage préconçu fait croire en sa possibilité)

 

Le ressenti occupe donc une place qui paraît centrale dans la manifestation car, par elle, fait goûter toutes les expressions qualitatives de l’être (joie, beauté, fait d’être, amour etc..).

 

C’est pourquoi l’identification égotique qui se construit par l’imaginaire de la pensée repose concrètement sur l’expression sensorielle manifestée du sens tactile (qui au passage donne aussi l’indication de la matérialité par les formes dures, tendues, résistante) et de façon encore plus fine sur les formes ressenties de ce sens tactile.

 

Ce n’est que par une présence-conscience soutenue à ce qui se vit qu’il peut être réalisé que le soi est, même en absence de ressenti, que ce constat fait vivre la détente ou absence de ressenti et que c’est cela qui est fondamentalement goûté et aimé.