Connaissance de soi (2012)

 

La connaissance de soi ou plutôt, devrais-je dire, la reconnaissance de Soi, est l'objectif ultime de toute quête, le dernier désir qui reste lorsque tous ceux inhérents au monde objectif se sont éteints.

C'est comme une soif qui se fait de plus en plus impérieuse.

Pourquoi sommes-nous amenés à nous re-connaître? Tout simplement parce qu'il y a distraction de ce que nous sommes vraiment. Cette distraction fait croire en des illusions qui sont alors prises pour le réel.

Lorsque l'on regarde à l'intérieur d'une pièce mal éclairée et que l'on voit une forme effrayante, après avoir réussi à surmonter sa peur, le 1er réflexe que l'on a est celui d'appuyer sur l'interrupteur de l'électricité. La lumière efface alors d'un seul coup le leurre et permet de réaliser que la forme effrayante n'était qu'une projection d'un objet anodin déformée par la pénombre. Dans ce cas, ce qui permet de rétablir la connaissance de la réalité c'est la lumière par l'intermédiaire de l'interrupteur.

Dans le cas de la distraction  qui génère l'illusion, la lumière s'appelle Conscience et la conscience se réalise par la reconnaissance de ce que l'on n'est pas. "L'interrupteur" de la conscience est l'écoute ou observation de ce qui est là.

 

Il est impossible de décrire, observer ou écouter ce que l'on est. Cette réalité n'est pas objective, elle est au-delà du mental et ne peut donc pas s'aborder par  l'observation directe. En revanche elle se "dévoile" tout naturellement, dès lors que le faux qui la surimpose s'efface.

Nous avons tous  "l'équipement nécessaire" pour cette exploration, encore faut-il en ressentir l'impérieux besoin.

Mais dès que c'est chose faîte, cet "équipement" ne va avoir de cesse de se chercher, s'affiner et se positionner afin de lever les voiles de l'illusion. On peut aussi appeler cet impérieux besoin: "l'enquête de vérité". Pendant longtemps cette enquête s'est elle-même masquée en s'appelant quête du bonheur.

L'équipement d'exploration dont je parle peut se nommer "conscience -témoin". On peut aussi lui donner de nombreux noms tels qu'écoute, observation, conscience de ce qui est, regard d'arrière-plan, contemplation, présence, etc...J'utilise écoute-observation indifféremment pour la nommer mais vous pouvez les remplacer par tout autre terme qui vous "interpelle" davantage.

 L'écoute, l'observation se situent au-delà du plan mental car le connaisseur des illusions ne peut pas être celui-ci puisque c'est du mental que naissent toutes les illusions et donc l'ignorance.

 

La reconnaissance du réel va donc pouvoir se faire par  l'écoute-observation de tout ce qui est.

Cette écoute-observation a des qualités particulières : elle est accueil complet de ce qui est, non interventionnelle, sans condition, sans jugement ni rejet ni complaisance, elle est sans effort, naturelle.

C'est en ces qualités qu'elle se cherche.

 

Lorsque l'enquête de vérité commence, nous partons de là où nous en sommes c'est à dire en général, d'une écoute-observation conditionnée par l'empreinte du fonctionnement mental.

L'écoute-observation conditionnée présente des caractéristiques tout autres, voire opposées à celles décrites ci-dessus.

A partir d'une écoute ou observation via le mental,  il y a tension, effort, fatigue et celle-ci non seulement n'amène ni clarté ni libération  mais au contraire fait comme "tourner" en rond.

Cette expérience d'écoute ou observation mentale  souvent répétitive finie par être comprise dans son erreur car est, en fait, elle même "vue" par un regard d'arrière-plan . Dès que cela est intégré, l'écoute-observation se place au bon endroit délaissant son imposteur.

Des "rechutes ont souvent lieu mais petit à petit, l'écoute-observation s'affine, se déleste de ses poids conditionnés, s'approfondie et se génère elle-même. Elle se rapproche de sa nature inconditionnée.

 

On se rend alors compte que sa simple présence rend perceptif, vivant et de plus en plus conscient. Sous ce regard pénétrant mais non interférant, les choses se déploient, se dévoilent et se rectifient d'elles-mêmes. Ce regard est auto-suffisant.

A partir de lui, les questions émergent, pointeurs de la réalité et se résolvent d'elles même. Les discours se dissolvent, les concepts s'évaporent laissant la lumière du vivant et de la réalité infiltrer de plus en plus les perceptions. A l'ultime, le silence reprend ses droits dans la plénitude totale d’être, l'écoute-observation est pleinement habitée.

 

A un moment ou un autre de ce cheminement d'écoute-observation, celle-ci délaisse progressivement ce qui est écouté-observé pour ne s'intéresser qu'à elle-même.

La conscience abandonne son qualificatif de "témoin".

Elle cherche tout d'abord à se voir à s'écouter. Cela est sans issue.

C'est alors que dans l'abandon de sa propre quête d'unité, la compréhension la saisit, la compréhension nous saisit: nous sommes cette conscience témoin  mais aussi conscience avec ou sans objet à écouter-observer. Nous sommes en réalité pure conscience. Présente sans cesse, qui a toujours été, sans début ni fin, sans limite, qui fait vivre toute expérience sans jamais en être affectée.

 

Cette pure conscience se sait désormais être.

La perspective de point de vue a changé, elle s'est déplacée en amont du mental.

Auparavant la perspective disait "je suis dans le monde, je suis dans le corps, je suis dans le mental".

Désormais, elle affirme" le monde est en soi, le mental est en soi; le corps est en soi. "

Soi ou "Je" suis, pure Conscience, Existence et Félicité (Sat Chit Ananda)

 

L'identité naturelle est retrouvée.

 

 

 

A noter que ce parcours de "connaissance" de soi appartient lui aussi au film......

 


S'oublier pour se retrouver est en soi impossible, cela ne peut être  fait qu'à partir d'un personnage au sein du film dont le rôle est de s'identifier à un scénario d'oubli.

On peut remarquer aussi qu'au sein du film tous les personnages  (sauf ceux qui sont dits "éveillés"...) sont affectés par ce même "délire" qui est vécu à partir de cela même qui voit le film, les personnages et se sait voir.....

 

Le Regard ne peut pas s’oublier puisqu’il est toujours là regardant le film ou simplement ce qui est. La nature du Regard est en dehors de l’oubli. L’oubli est vu par le regard.